Ami intime de Renoir de 1894 à
1919, son confident, Albert André (1869-1954) a développé une peinture entre
tradition et modernité, tombée dans l’oubli.
Né à Lyon dans une famille de
soyeux, il part à Paris à l’âge de 20 ans pour étudier la peinture. Il se lie
d’amitié avec Bonnard, Valtat, Vuillard, Maurice Denis ... et partage sa vie
entre la capitale et l’été, la maison famille de Laudun dans le Gard. A cette
absence de mémoire, il y a des raisons. Son premier marchand, Durand-Ruel, a
surtout commercialisé ses tableaux aux Etats-Unis, où se trouvent d’ailleurs
ses meilleures toiles. Quant au musée de Bagnols-sur-Cèze dont il a été le
conservateur, il ne possède que très peu d’oeuvres de lui. D’autre part à sa
mort, le goût était à l’abstraction lyrique et sa fille, de son côté, a en
quelque sorte enfermé son oeuvre dans la maison familiale, tout en rachetant
des toiles, empêchant la constitution d’un marché. Ce n’est que récemment, en
2006, au décès de celle-ci, à l’âge de 102 ans que le musée des Arts sacrés de
Pont-Saint-Esprit à bénéficié, grâce à une donation, de la totalité de la
collection et de sa documentation. L’exposition qui se tient au Pont du Gard
vise à redonner à Albert André, sa place dans l’histoire de l’art alors la
peinture de son époque est aujourd’hui réévaluée.
Et quel bonheur ! Une peinture
aimable, amoureuse du fait de peindre et du motif. Il s’adonne dans un premier
temps à l’impressionisme, peignant les formes telles qu’il les voyait sous la
lumière déformante. Il s’attache aux couleurs lumineuses puis ayant beaucoup
regardé Renoir à l’oeuvre dans les années 1900, il donne à ses compositions un
sens du volume et de la structure qui s’exprime par la courbe. Il ne choisit
pas de styliser la forme par des cernes ou des aplats, comme le font les nabis.
Il se nourrit de l’apport de Pissarro. Il adopte les compositions
architecturales de Cézanne. Il structure ses compositions en déterminant un
sujet principal au premier plan qui se détache de l’arrière plan, à la manière
du Déjeuner sur l’herbe de Manet. Sa technique est sure mais elle ne l’emporte
pas sur l’ensemble d’où émane une grande sensualité et une certaine
sophistication. Une peinture qui fait du bien et pour laquelle il faut
absolument faire le déplacement !
Cette exposition préfigure le
projet de création d’un musée qui lui sera entièrement dédié à Bagnols-sur-Cèze
dans quelques années.
Olivia Gazzano
Albert André, 107 oeuvres post-impressionistes. Commissariat : Alain Girard, conservateur en chef du Patrimoine. Pont du Gard, jusqu'au 25 septembre 2011.
Paru dans Prosper, le
Magazine culturel, Vaucluse, Avignon, Drôme provençale, Alpilles. N° 26,
juillet, août, septembre 2011.
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