Le musée Yves Brayer, aux Baux-de-Provence présente actuellement et jusqu’au 28 août une trentaine de toiles du peintre provençal Louis Mathieu Verdilhan (1875- 1928) dans un parcours didactique permettant de découvrir toute la diversité de son œuvre.
Né dans une famille de cultivateurs protestants de Saint-Gilles du Gard, Louis Mathieu Verdilhan débute sa carrière en 1895 à Marseille, chez Eugène Giraud dit Giraud-la-pipe, artiste indépendant qui sur le quai Rive Neuve possédait un atelier de décors peints. Autodidacte, un fois ses qualités de peintre découvertes, il est envoyé à Paris où il poursuit cette activité dans des théâtres et participe à la réalisation du décor du pavillon de Monaco à l’Exposition universelle de 1900.
Durant sa courte carrière qui durera un peu plus de trente ans puisqu’il décède à 53 ans (1), il remet plusieurs fois son style en question par goût pour les divers courants qui apparaissent alors, mais aussi pour vivre de son art. C’est pourquoi sa production constituée de plus de mille tableaux peut paraître déroutante, Mathieu Verdilhan n’ayant jamais trouvé « son style » à la différence de ses contemporains régionaux, René Seyssaud (1867-1952) et Auguste Chabaud (1885-1955).
Ses toiles relèvent tout à tour de Monticelli avec ses touches empâtées, de Van Gogh, des impressionnistes ; les Fauves et leurs couleurs irréalistes retiennent son attention. Il ne cache pas son admiration pour Cézanne, flirte avec le cubisme et développe une forme propre d’expressionnisme ; certaines de ses vues de ports rappellent immanquablement celles d’Albert Marquet en compagnie duquel il peignait, à tel point que le poète André Suarès (1875-1947), lui aussi son contemporain marseillais dira « Marquet – Verdilhan : quelle belle paire de bottes ! ». A la fin de sa vie, c’est à Rouault que ses toiles font penser.
On lui connaît peu de natures mortes, l’essentiel de sa production étant composées de paysages, parmi lesquels les vues des ports de Marseille et de Toulon sont les plus connues. C’est donc avec intérêt que l’on parcourra l’exposition du musée Brayer dont l’un des mérites est de montrer d’autres représentations qui ont en commun de ne contenir aucun personnage, sauf parfois sous forme de silhouettes.
Son talent ne fut jamais vraiment reconnu, malgré les diverses expositions de groupe auxquelles il participa à Paris, en compagnie notamment de Signac, Bonnard, Matisse ou Manguin, les interventions de son ami Antoine Bourdelle, les ventes aux Etats-Unis et le soutien de deux mécènes principaux : le pharmacien André et Edouard Latil, industriel toulonnais qui lui acheta 250 toiles qu’il accrocha à touche-touche dans sa luxueuse maison de la Simiane à Toulon.
Il faut dire qu’il n’était pas d’un caractère facile et que son goût pour la radicalité et la solitude n’ont sans doute pas facilité les contacts. Est-ce le résultat de son éducation protestante ? Il décèdera dans une banlieue de Marseille, à La Pomme, d’un cancer du larynx.
Les toiles exposées au musée Brayer proviennent essentiellement de collections privées. On notera aussi deux tableaux exceptionnels : « le port de Marseille, 1919-1920 » appartenant au musée d’Art moderne de la Ville de Paris et « Bateaux à quai, 1919-1920 » provenant du musée Toulouse-Lautrec à Albi, sorti exceptionnellement des réserves du musée grâce au mécénat de la famille Brayer qui a contribué à la restauration de la fragile toile de chanvre du tableau.
On complètera avantageusement cette exposition par la lecture de l’ouvrage que les experts près la Cour d’Appel d’Aix-en-Provence, Daniel et Jean Chol, ont consacré au peintre.
Olivia Gazzano
Né dans une famille de cultivateurs protestants de Saint-Gilles du Gard, Louis Mathieu Verdilhan débute sa carrière en 1895 à Marseille, chez Eugène Giraud dit Giraud-la-pipe, artiste indépendant qui sur le quai Rive Neuve possédait un atelier de décors peints. Autodidacte, un fois ses qualités de peintre découvertes, il est envoyé à Paris où il poursuit cette activité dans des théâtres et participe à la réalisation du décor du pavillon de Monaco à l’Exposition universelle de 1900.
Durant sa courte carrière qui durera un peu plus de trente ans puisqu’il décède à 53 ans (1), il remet plusieurs fois son style en question par goût pour les divers courants qui apparaissent alors, mais aussi pour vivre de son art. C’est pourquoi sa production constituée de plus de mille tableaux peut paraître déroutante, Mathieu Verdilhan n’ayant jamais trouvé « son style » à la différence de ses contemporains régionaux, René Seyssaud (1867-1952) et Auguste Chabaud (1885-1955).
Ses toiles relèvent tout à tour de Monticelli avec ses touches empâtées, de Van Gogh, des impressionnistes ; les Fauves et leurs couleurs irréalistes retiennent son attention. Il ne cache pas son admiration pour Cézanne, flirte avec le cubisme et développe une forme propre d’expressionnisme ; certaines de ses vues de ports rappellent immanquablement celles d’Albert Marquet en compagnie duquel il peignait, à tel point que le poète André Suarès (1875-1947), lui aussi son contemporain marseillais dira « Marquet – Verdilhan : quelle belle paire de bottes ! ». A la fin de sa vie, c’est à Rouault que ses toiles font penser.
On lui connaît peu de natures mortes, l’essentiel de sa production étant composées de paysages, parmi lesquels les vues des ports de Marseille et de Toulon sont les plus connues. C’est donc avec intérêt que l’on parcourra l’exposition du musée Brayer dont l’un des mérites est de montrer d’autres représentations qui ont en commun de ne contenir aucun personnage, sauf parfois sous forme de silhouettes.
Son talent ne fut jamais vraiment reconnu, malgré les diverses expositions de groupe auxquelles il participa à Paris, en compagnie notamment de Signac, Bonnard, Matisse ou Manguin, les interventions de son ami Antoine Bourdelle, les ventes aux Etats-Unis et le soutien de deux mécènes principaux : le pharmacien André et Edouard Latil, industriel toulonnais qui lui acheta 250 toiles qu’il accrocha à touche-touche dans sa luxueuse maison de la Simiane à Toulon.
Il faut dire qu’il n’était pas d’un caractère facile et que son goût pour la radicalité et la solitude n’ont sans doute pas facilité les contacts. Est-ce le résultat de son éducation protestante ? Il décèdera dans une banlieue de Marseille, à La Pomme, d’un cancer du larynx.
Les toiles exposées au musée Brayer proviennent essentiellement de collections privées. On notera aussi deux tableaux exceptionnels : « le port de Marseille, 1919-1920 » appartenant au musée d’Art moderne de la Ville de Paris et « Bateaux à quai, 1919-1920 » provenant du musée Toulouse-Lautrec à Albi, sorti exceptionnellement des réserves du musée grâce au mécénat de la famille Brayer qui a contribué à la restauration de la fragile toile de chanvre du tableau.
On complètera avantageusement cette exposition par la lecture de l’ouvrage que les experts près la Cour d’Appel d’Aix-en-Provence, Daniel et Jean Chol, ont consacré au peintre.
Olivia Gazzano
Article paru dans le n° 18, mai/juin 2009
Louis Mathieu Verdilhan, Couleur et Puissance. Musée Brayer, jusqu’au 28 août, Les Baux-de-Provence. Tous les jours de 10h à 12h30 et de 14h à 18h30. Entrée : 4 euros, gratuit pour les – 18 ans. Tél. 04 90 54 36 99. Catalogue : 10 euros.
Louis Mathieu Verdilhan (1875-1928), carillonneur de couleurs, architecte de la forme. Daniel et Jean Chol, avec la collaboration d’Huguette Lasalle. Editions Chol, 2005. 45 euros, en vente au musée.
(1) si on la compare à ses illustres contemporains : Monticelli (1824-1886) 62 ans, Matisse (1869-1954) 85 ans, Monet (1840-1926) 86 ans, Cézanne (1939-1906) 67 ans, Bourdelle (1861-1929) 68 ans, Van Gogh (1853-1890) 37 ans, Marquet (1875- 1947) 72 ans, Rouault (1871-1958) 87 ans.
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