Sur fond d’effet Obama, le sénégalais Ndary Lo présente un hommage à « celle qui a osé dire non ». Une œuvre unique conçue aux dimensions du centre d’art aptésien, où l’artiste convoque la mémoire de l’esclavage et met en scène son panthéon personnel des « hommes debout ».
Au centre, il y a le bus, ou plutôt son effigie. Une trace au sol figure la place assignée à chacun, petits carrés blancs, places délimitées et réservées prioritairement aux Blancs dans l’Amérique de la ségrégation raciale. C’est le fantôme du bus de Montgomery (Alabama) où voyageait une certaine Rosa Parks, le 1° décembre 1955, le jour où elle refusa de céder sa place à un homme blanc. A partir de ce geste de résistance s’organisa le boycott des bus américains lancé par un pasteur quasi-inconnu alors, un certain Martin Luther King.
Autour de cette évocation centrale, le plasticien sénégalais Ndary Lo a construit une œuvre unique, aux dimensions du centre d’art tout entier, 400 mètres carrés plongés dans le noir et mis en lumière par Pierre Jaccaud, le directeur artistique du lieu. Un hommage à « celle qui a osé dire non », la première d’une lignée d’hommes et de femmes incarnant la force du refus. Aux murs, Aimé Césaire, Angela Davis, Nelson Mandela portraiturés en noir et blanc à la façon d’Andy Warhol côtoient Patrice Lumumba ou Barak Obama. « C’est un extrait de mon Panthéon personnel », explique Ndary Lo. « Vingt-deux personnes debout qui ont lutté contre la ségrégation raciale ». D’autres, artistes, critiques d’art, hommes politiques, sont présents par vidéos interposées, mêlés à des extraits de films, jalons historiques témoignant de leurs combats.
Ce Panthéon rejoint les figures en marche, silhouettes métalliques, décharnées, qui traversent depuis toujours l’œuvre très politique de ce plasticien. « Pour moi, être artiste, c’est être engagé », explique cet homme disert, maniant le verbe tout autant que le pinceau ou les matériaux de récupération, éléments de base de ses sculptures. Dans son atelier des faubourgs de Dakar, Ndary Lo vit entouré de silhouettes à la Giacometti. « Cela m’a pris au retour d’un séjour en France. J’ai voulu figurer les Africains debout, les mettre en marche ». D’autres silhouettes, plus pathétiques, peuplent son univers : des pantins de chiffons grandeur nature, comme ceux qu’il avait entassés dans un bus africain, première mouture de son hommage à Rosa Parks présenté en 2005 à la Biennale de Dakar. Entre-temps, l’évocation centrale a évolué vers l’épure, le sculpteur a approfondi la peinture, et la galerie de portraits n’a cessé de s’élargir. « Ce travail est un work in progress », expliquait-il lors du vernissage à la fondation Blachère. Constituant le fond de l’installation, la « Muraille verte » est une forêt d’hommes-arbres, les bras en forme de branches tendues vers le ciel. Un cri collectif contre l’avancée du désert.
La chair de l’œuvre elle-même est éloquente. Les chaînes suspendues au-dessus du bus fantôme sont faites d’ossements ramassés sur l’île de Gorée. Elles évoquent la mémoire de l’esclavage, « le contact du fer avec la chair de l’esclave ». Les peintures intègrent de l’extrait de café, référence à l’histoire des plantations. « En peignant, je me suis aperçu que le café fonctionnait comme un retardateur sur l’acrylique », constate le peintre qui a mis à profit cette découverte pour peaufiner ses portraits. Quant à Barack Obama, il figurait déjà au Panthéon de Ndary Lo bien avant d’être élu. «Le simple fait qu’un Américain d’origine africaine soit candidat face à Mc Cain était déjà une victoire », se souvient l’artiste. Depuis, l’effet Obama a pris son essor. Prolongeant le refus de Rosa Parks, il participe d’une même vague historique. C’est cette unité, revisitée par un regard africain, que donne à voir l’exposition.
Au centre, il y a le bus, ou plutôt son effigie. Une trace au sol figure la place assignée à chacun, petits carrés blancs, places délimitées et réservées prioritairement aux Blancs dans l’Amérique de la ségrégation raciale. C’est le fantôme du bus de Montgomery (Alabama) où voyageait une certaine Rosa Parks, le 1° décembre 1955, le jour où elle refusa de céder sa place à un homme blanc. A partir de ce geste de résistance s’organisa le boycott des bus américains lancé par un pasteur quasi-inconnu alors, un certain Martin Luther King.
Autour de cette évocation centrale, le plasticien sénégalais Ndary Lo a construit une œuvre unique, aux dimensions du centre d’art tout entier, 400 mètres carrés plongés dans le noir et mis en lumière par Pierre Jaccaud, le directeur artistique du lieu. Un hommage à « celle qui a osé dire non », la première d’une lignée d’hommes et de femmes incarnant la force du refus. Aux murs, Aimé Césaire, Angela Davis, Nelson Mandela portraiturés en noir et blanc à la façon d’Andy Warhol côtoient Patrice Lumumba ou Barak Obama. « C’est un extrait de mon Panthéon personnel », explique Ndary Lo. « Vingt-deux personnes debout qui ont lutté contre la ségrégation raciale ». D’autres, artistes, critiques d’art, hommes politiques, sont présents par vidéos interposées, mêlés à des extraits de films, jalons historiques témoignant de leurs combats.
Ce Panthéon rejoint les figures en marche, silhouettes métalliques, décharnées, qui traversent depuis toujours l’œuvre très politique de ce plasticien. « Pour moi, être artiste, c’est être engagé », explique cet homme disert, maniant le verbe tout autant que le pinceau ou les matériaux de récupération, éléments de base de ses sculptures. Dans son atelier des faubourgs de Dakar, Ndary Lo vit entouré de silhouettes à la Giacometti. « Cela m’a pris au retour d’un séjour en France. J’ai voulu figurer les Africains debout, les mettre en marche ». D’autres silhouettes, plus pathétiques, peuplent son univers : des pantins de chiffons grandeur nature, comme ceux qu’il avait entassés dans un bus africain, première mouture de son hommage à Rosa Parks présenté en 2005 à la Biennale de Dakar. Entre-temps, l’évocation centrale a évolué vers l’épure, le sculpteur a approfondi la peinture, et la galerie de portraits n’a cessé de s’élargir. « Ce travail est un work in progress », expliquait-il lors du vernissage à la fondation Blachère. Constituant le fond de l’installation, la « Muraille verte » est une forêt d’hommes-arbres, les bras en forme de branches tendues vers le ciel. Un cri collectif contre l’avancée du désert.
La chair de l’œuvre elle-même est éloquente. Les chaînes suspendues au-dessus du bus fantôme sont faites d’ossements ramassés sur l’île de Gorée. Elles évoquent la mémoire de l’esclavage, « le contact du fer avec la chair de l’esclave ». Les peintures intègrent de l’extrait de café, référence à l’histoire des plantations. « En peignant, je me suis aperçu que le café fonctionnait comme un retardateur sur l’acrylique », constate le peintre qui a mis à profit cette découverte pour peaufiner ses portraits. Quant à Barack Obama, il figurait déjà au Panthéon de Ndary Lo bien avant d’être élu. «Le simple fait qu’un Américain d’origine africaine soit candidat face à Mc Cain était déjà une victoire », se souvient l’artiste. Depuis, l’effet Obama a pris son essor. Prolongeant le refus de Rosa Parks, il participe d’une même vague historique. C’est cette unité, revisitée par un regard africain, que donne à voir l’exposition.
Carina Istre
Jusqu’au 31 mai 2009. Entrée libre. Tel 04 32 52 06 15.
Article paru dans le numéro 17 du mars/avril 2009
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