C’est dans le cadre approprié de la Chapelle du Collège de Carpentras que sont exposées jusqu’au 24 octobre une cinquantaine de sculptures en marbre et en bronze du sculpteur pernois Vincent Lievore. Une occasion rare de découvrir son travail dans toute son ampleur.
Avec Vincent Lievore, la Sculpture et sa définition ne sont pas galvaudées. Si la taille de la pierre est maîtrisée, elle n’est pas un but en soi, mais au service de l’Idée. Comment construire l’espace ? C’est la question récurrente de son travail. Il y apporte ses réponses au travers de deux thématiques : les Personnages et les Paysages. De ses Personnages - qu’ils soient humains ou animaliers -, statiques ou en mouvement, en tension ou en traction, se dégage une dynamique stimulante génératrice d’énergie donnant le sentiment qu’ils œuvrent pour un grand projet qui sous-tend la réalisation.
Quant aux Paysages, n’est-ce pas une gageure de vouloir réaliser des paysages en sculpture ? Pourtant, le pari est gagné. En contrepoint, en intégrant des éléments figuratifs sans être au service d’un système narratif, ils apportent une énergie apaisante par leur caractère contemplatif. De ces deux pôles prétextes à son travail émergent les deux grandes thématiques de sa réflexion : le Temporel et l’Intemporel. L’espace est du temps.
C’est en maîtrise d’arts plastiques à la faculté d’Aix-en-Provence, il y a 25 ans, qu’il décide de devenir sculpteur “à cause” de la Gigantomachie représentée sur le grand autel de Pergame et d’un travail en art contemporain demandé par un professeur. L’enseignement des arts plastiques et de l’histoire de l’art en faculté a ceci d’incohérent qu’il est décousu. On n’y enseigne pas l’art de manière chronologique. S’insurgeant contre cet état de fait, il propose à son professeur de traiter le sujet d’art contemporain demandé en partant de l’art de l’Antiquité et dans ses recherches découvre cette frise époustouflante ramenée d’Asie Mineure au XIXe siècle et installée au Pergamon Museum de Berlin. Elle représente les Dieux et les Géants combattants dans la fureur et la rage. Et c’est tout particulièrement la section de la frise où Athéna combat les Géants qu’il retiendra.
Cette découverte est un choc et fixe son avenir. Il se formera quelques temps dans une entreprise de funéraire puis acquerra surtout le métier au fil des nombreux symposiums de sculptures auxquels il participera dans le monde : Mexique, Argentine, Chine, Japon, Canada, France, allant jusqu’à concourir dans des symposiums de sculpture sur neige dont celui de Valloire, très réputé et de portée internationale dont il remportera le premier prix en février 2009 après avoir obtenu la deuxième place l’année précédente. Autant de défis, de terrains de jeu et de réflexion.
Organisées par des villes, ces rencontres de sculpteurs auxquels, en résumé, on donne un gros bloc de pierre dans lequel ils doivent, en une semaine, réaliser la thématique donnée, sont un formidable moyen de pouvoir s’exprimer, faute de commande publique, d’intégration de la sculpture dans les concours d’architecture et dans les projets d’aménagement du cadre de vie.
Car, à quoi sert la sculpture ? Vincent Lievore répond à cette question sans détour ni phrase alambiquée : “ A vivre, à se sentir mieux.” “La sculpture a une vertu. Malheureusement, on intellectualise de façon stupide en confondant la fin et les moyens. L’art n’est pas une fin en soi, il doit entrer en correspondance avec tout un chacun”.
Une invitation à aller éprouver sa sculpture à la Chapelle du Collège.
Olivia Gazzano, paru dans le n°20, septembre-octobre 2009.
Vincent Lievore, sculptures. Chapelle du Collège, rue du Collège, Carpentras. Jusqu’au 24 octobre 2009. De 9h30 à 12h30 et de 14h30 à 18h30, du mardi au samedi.
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