Alors que la mémoire de l’activité des terraiés de Bédoin est en train de se perdre, une exposition restitue cet été quinze ans de fouilles archéologiques menées sur Bédoin et les communes environnantes. Elle permettra de fixer les connaissances acquises pour les périodes allant du Ier au XXe siècle.
C’est la découverte fortuite, en 1994, d’une villa gallo-romaine qui lança la campagne de fouilles, sur l’emplacement d’une piste d’atterrissage d’hélicoptère pour le Tour de France. Mentionnée dans aucun texte, cette habitation de 1000 m² appelée depuis villa des Bruns, atteste d’une présence gallo-romaine du 1er au VIe siècle après J.C. La céramique que l’on y trouva est datée du IVe siècle.
Puis c’est à Mazan qu’une autre découverte majeure s’effectua, en 1996. Si au Pègue, près de Saint-Paul-Trois-Châteaux, les Gaulois ont copié un motif de céramique grecque importée de Marseille, à Mazan, c’est l’atelier d’un potier italien venu s’installer ici au Ier siècle ap J.C. qui fut découvert. Ou plutôt ses productions : de magnifiques plaques dites Campana et un cheval, reproduction exacte des chevaux se trouvant dans le temple des Dioscures (Castor et Pollux), à Rome ! La découverte effectuée par le groupe archéologique de Carpentras, sous la direction de Dominique Carru, laissa pantois.
De nouveau à Bédoin, est mis à jour dans une rue, un four datant de l’an mil et 27 kilos de poteries. Les textes attestent que durant la période médiévale, Bédoin se spécialise dans cette activité. Au XVe siècle, des potiers aptésiens viennent se former chez eux. On retrouve en effet des similitudes de techniques et de formes dans les poteries d’Apt de cette période. Similitude aussi avec la poterie médiévale de Saint-Quentin la Poterie. Comme à Bédoin, la matière première est d’une qualité exceptionnelle : une argile kaolinique réfractaire qui fait évoluer les modes culinaires. Les pots et plats réalisés dans cette matière peuvent être posés sur des braises plus fortes, permettent de cuire les aliments plus longtemps et faire mijoter. Cette céramique sera exportée à Avignon, à Marseille, à Nîmes ...
L’aventure ne fait que commencer. Beaucoup de données n’ayant pas encore été exploitées, un programme de recherche inédit en son genre va être lancé : il alliera le CNRS, l’université, le service départemental d’archéologie, les communes et la Cove (la communauté d’agglomérations).
Olivia Gazzano, paru dans le n° 25, juillet-août 2010.
Potiers à Bédoin, 2000 ans de tradition. Centre culturel de Bédoin, jusqu’au 19 septembre 2010.
Commissaire Catherine Richarté (INRAP), à l'intiative de la Communauté d'agglomération Ventoux-Comte-Venaissin. Catalogue de synthèse, sous la direction de Catherine Richarté (Inrap). 124 pages, 15 euros.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire