Living pictures : « Je veux rendre la parole aux
images » dit l’artiste à propos des quatre vidéos présentées cet été. Le
titre de l’exposition : « Les coupables » est venu des mots même
des jeunes, entre enfance et adolescence, qu’elle présente dans deux de ses
quatre vidéos.
Quatre-vingt un ados d’une favela brésilienne marchent sur
une ligne invisible, le regard tourné vers nous. Ce sont : « Les
enfants d’après demain ». Le temps consacré à chacun, l’adresse muette,
leur rend présence et dignité. C’est la première présentation en France après
le musée de Sao Paulo.
Deuxième vidéo consacrée à des jeunes : « Dix
minutes de liberté » tourné dans un collège de la région parisienne avec
une centaine d’élèves. Chacun a écrit une phrase gardée habituellement secrète,
elle a été imprimée sur un tee-shirt
qu’ils ont enfilé avant de se présenter devant la caméra. Rires,
émotions, apparent détachement : Apportez-moi l’horizon, Mes amis sont ma
liberté, Les emmerdes prennent jamais de vacances, Dire ce que l’on aime avant
qu’il soit trop tard… : autant de fragments de leur monde. C’est la
première présentation de cette vidéo.
Deux autres vidéos
fonctionnent moins dans l’empathie. Dans « A more perfect day », un
jeune à la voix féminine et au corps moitié blanc, moitié sombre, une guitare
électrique en guise de cache sexe, interprète des fragments d’un discours de
Barak Obama : étrange…
Parfaitement
rébarbative et certainement voulue comme telle, la dernière vidéo met en scène
une jeune femme noire qui pose sur ton monocorde des questions psychanalytiques
en s’habillant jusqu’à disparaître sous les superpositions d’habits. C’est
aussi la première présentation de cette vidéo. Le Centre d’art présente ainsi
l’actualité d’une artiste que l’on voit peu en France alors qu’elle expose aux
quatre coins du monde.
La salle du haut présente des photos de magazine de mode
pour enfants maculés de phrases écrites au feutre: on y devine
l’inavouable au détour des mots : suis-je assez soumise ? Je ne suis
pas prête… et c’est assez terrifiant avec une grande économie de moyens.
Anne Simonet-Avril
L’exposition est en place à la maison de la cure jusqu’au
21 août 2011.
L’exposition suivante, en septembre, sera consacrée à
Marie-Laure De Decker. « De la photographie, je n’attends pas qu’elle
serve à empiler la mort dans des caisses d’images, mais qu’elle témoigne de la
vie, même là où il y a des guerres. »
Paru dans Prosper, le
Magazine culturel, Vaucluse, Avignon, Drôme provençale, Alpilles. N° 26,
juillet, août, septembre 2011.
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