Jacques Lartigue, l'Empailleur de bonheur


Jacques Henri Lartigue
"Automobile Delage au Grand prix
 de l'Automobile Club de France, 12 juillet 1913".
Copyright Ministère de la Culture-France/AAJHL

Avec Jacques Henri Lartigue, c’est la douceur de vivre qu’il nous est donnée d’apprécier. La mode de la Belle époque et des Années folles, avec ces femmes aux longues robes, mains cachés dans leurs manchons de fourrure, se laisse contempler au fil des clichés. La plage, les sports nautiques, les champs de course, tous ces nouveaux loisirs des classes aisées et du début du XXe siècle sont égrainés. Les exploits des premières automobiles et de drôles d’engins volants retiennent particulièrement son attention et celle de son frère surnommé Zissou. La vitesse le fascine. Et sa famille, toujours sa famille qu’il ne cessa de photographier depuis l’âge de sept ans, lorsqu’il reçut un appareil photographique en cadeau, des mains de son père.
Je suis un “empailleur de bonheur” se plaisait-il à dire rétrospectivement.
La photographie n’était pourtant pas son métier, mais son hobby. Et c’est à ce titre qu’il exposa en 1955 avec Gens d’images auprès de Brassaï, Doisneau, Ronis et Man Ray. C’est la profession de peintre qu’il a voulu embrasser. Il en vivait pourtant chichement. Et c’est le hasard qui le fait rencontrer en 1962 le conservateur du musée d’Art moderne de New-York, alors qu’il était en Californie et qu’un problème de transport le contraint à faire un détour par New-York. Séduit par ses tirages, celui-ci en fait une exposition en 1963 qui le rend célèbre dans le monde entier ! Jacques Henri Lartigue est alors reconnu comme l’un des plus grands photographes au monde, à l’âge de 69 ans.
Commence alors une autre vie. Il est l’invité d’honneur aux Rencontres photographiques d’Arles en 1972. Il devient le photographe du Président Valéry Giscard d’Estaing en 1974. Paris le consacre en 1975 par une exposition au Musée des Arts Décoratifs puis au Grand Palais. En 1979, il fait don de ses œuvres et de son journal manuscrit à l’Etat français. Il meurt à Nice en 1986, à l’âge de 92 ans, célèbre.
Curieux destin que celui de cet homme qui, parmi les grands photographes du XXe siècle, est sans doute celui qui a commencé son art le plus tôt et qui a été reconnu le plus tard.

Olivia Gazzano, paru dans le n°25, juillet-août 2010.

Jacques Henri Lartigue, exposition rétrospective. Musée Angladon. Ouvert tous les jours de 13h à 18h sauf lundi. Tél 04 90 82 29 03. 5 rue Laboureur Avignon. http://www.angladon.com/. Collections permanentes : Degas, Daumier, Manet, Sisley, Van Gogh, Cézanne, Picasso, Modigliani… Salons du 18e siècle.

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