Jules César va-t-il devenir objet de marketing et perdre de son imposante stature ?


Caius Julius Caesar aurait-il retrouvé son statut d’Imperator en même temps que sa sortie des eaux ?
Vat- il écraser de sa prestance et de sa rareté les autres œuvres présentées dans cette exposition ?
Jules César va-t-il devenir objet de marketing et perdre de son imposante stature ?
Ou serait-il déjà la nouvelle Joconde, que les visiteurs viennent voir en masse en oubliant d’ouvrir les yeux sur les merveilles exposées juste à côté ?
Certains dénoncent par voix de presse le manque de porte-clés et mug à son effigie, mais quel en serait l’intérêt ? Que chacun puisse en avoir un illusoire bout ?
Malheureusement la terrible machine me semble déjà enclenchée. C’est en me promenant dans la cité Romaine que je suis tombée face à face avec un Jules César « stickerisé » sur les vitrines d’un marchand de chaussures, de lunettes, tiens de saucissons !! Même des chocolats avec son visage ont vu le jour. Extraordinaire, pour quelques euros vous pouvez vous délecter d’un Imperator dictateur sorti des eaux…
Et ne croyez pas que je ne sois pas pour la démocratisation de l’art, bien au contraire ! Arrêtons de sacraliser les lieux artistiques, arrêtons de subir l’égocentrisme redondant de certains conservateurs dans leurs explications masturbatoires sur l’art, mais de grâce ne vulgarisons pas les œuvres, les hommes, la vie !

Mais revenons à Jules, je me permets de l’appeler par son prénom étant donné que nous sommes intimes maintenant puisqu’il m’accompagne dans mes courses quotidiennes…
Cette exposition est d’une qualité rare, la muséographie est magnifique, des pièces d’une beauté et d’une singularité y sont présentées.
Il y a même au premier étage un autre petit bijou à découvrir, l’exposition de MARK DION, que malheureusement peu de personnes ont pris la peine de voir. Ne lisez pas le livre d’Or qui se trouve à l’entrée (sic) car si vous le faisiez, vous rebrousseriez immédiatement chemin … Laissez vous aller, oubliez que vous êtes venus voir Jules, donnez la chance à votre esprit et votre affect d’être touchés, émus, déstabilisés par cet homme et son œuvre.
Regardez le film de Nicolas Pascariello,( montage vidéo dynamique, musique géniale mais malheureusement non stipulée dans le générique de fin) qui vous permettra de découvrir dans de confortables fauteuils, l’envers du décor du montage d’une exposition.
Écouter Mark Dion vous raconter avec humour et une sensibilité touchante, ses plongées dans le Rhône, sa découverte des lieux, des œuvres du microcosme de ce musée.
Mark Dion nous ouvre les portes du monde muséal et archéologique, celui des réserves, bureaux, « cabinet de curiosités », mêlant la didactique à la création avec un grain de folie enthousiasmante, faisant un lien entre le visiteur et un monde méconnu. Regardez ses objets, traces du monde contemporain, s’entrelacer avec ceux tirés des collections du Musée Arlaten et les réserves archéologiques. Osez ouvrir les tiroirs du « cabinet de dessin » afin d’en découvrir de manière privilégiée ce qu’il renferme.
Le « salon des glaces » fait de tessons de verres surexposé dans la lumière agressive de néons, telles les tables lumineuses utilisées par les photographes « au temps de l’argentique », est d’un esthétisme fort. Mark Dion révèle les stigmates de ces bouts de verres ébréchés par l’érosion, le temps ou la maladresse humaine et en constitue un vrai tableau harmonieux.
Cette exposition nous mène à une vraie introspection temporelle. Ne passez pas à côté !!

Sophie Aubert, paru dans le n°23 mars- avril 2010.
http://www.cpascomdhabitude.com/

César, le Rhône pour mémoire. Musée départemental de l’Arles antique. Exposition jusqu'au 19 septembre 2010. Tél. 04 90 18 88 88 http://www.arles-antique.cg13.fr

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